L’air, les brouillards et l’eau de pluie !
Ces pesticides posent un véritable problème de santé publique, et pas seulement pour les utilisateurs qui sont les plus exposés, mais aussi pour la population générale. En effet, les effets de faibles quantités de pesticides , en mélange, pendant des périodes longues posent de nombreux problèmes de santé. L’épidémiologie nous montre ainsi que les personnes exposées aux pesticides ont plus de risque de développer de nombreuses maladies que les autres : cancer, malformations congénitales, problèmes d'infertilité, problèmes neurologiques ou encore système immunitaire affaibli sont plus fréquent chez eux !
Face à cette situation, une seule solution : mieux évaluer les pesticides pour interdire à priori tout ceux qui présentent un potentiel toxique pour l’homme avéré ou même suspecté et surtout diminuer considérablement l’usage des pesticides en changeant d’urgence le type d’agriculture pratiquée dans notre pays !
Les pesticides les plus souvent retrouvés dans les organismes humains sont bien sûr les pesticides les plus persistants et qui possèdent des propriétés de bioaccumulation [Ces pesticides se concentrent dans les graisses à des teneurs de plus en plus importantes au fur et à mesures qu’ils remontent la chaîne alimentaire].
Depuis 1980, plus de 150 études réalisées dans 61 pays et régions du monde ont trouvé des POPs dans les tissus adipeux dans le cerveau, dans le sang, dans le lait maternel, dans le foie, dans le placenta, dans le sperme et dans le sang du cordon ombilical des êtres humains dont de nombreux pesticides (1).
- Une étude réalisée en 1999 aux Etats Unis a permis de mettre en évidence la présence de résidus de pesticides organophosphorés (pesticides à base de phosphore) dans les urines . Toutes les personnes testées avaient des traces de ces pesticides dans leur organisme (2).
- Les pyréthrinoïdes sont des insecticides utilisés en agriculture et aussi en horticulture. Ils sont utilisés également comme insecticide domestique. Une étude allemande publiée en mars 2001 s’est intéressée aux métabolites (produits de dégradation) de ces pesticides dans les urines d’un large échantillon de la population urbaine de Francfort (3). Les personnes retenues pour l’expérience n’étaient pas exposées à ces pesticides de par leur profession ou à la maison.
Résultats : des métabolites de pyréthrinoïdes les plus fréquemment trouvés dans ces urines étaient présents dans 65% des échantillons !
Une étude réalisée en 1998 en Australie a mis en évidence la transmission de résidus de pesticides (et d’autres polluants) de la mère à l’enfant pendant la grossesse (4).
Résultat : On a trouvé une moyenne de 3 pesticides chez chaque bébé (de 1 à 6).
Une autre étude, menée à Los Angeles, aux Etats-Unis cette fois, à montré, dans 30% des cas étudiés, la présence de DDE (produit de dégradation du célèbre pesticide DDT) dans le liquide amniotique dans lequel baigne le fœtus pendant la grossesse (5)
Le fœtus en développement et le bébé sont extrêmement sensibles aux effets des pesticides, L’exposition du fœtus à des pesticides à certaines périodes de la grossesse peut conduire à un avortement spontané, à des retards de croissance, des handicaps à la naissance …
L’exposition du fœtus à des perturbateurs endocriniens (comme certains pesticides) est même soupçonnée de modifier le
sexe de l’enfant à naître. En effet des chercheurs se sont aperçus que la proportion de bébés mâles, par rapport à l’ensemble des nouveau-nés, était en train de décliner doucement depuis 20 ans dans de nombreux pays
industrialisés ou en voie d’industrialisation (1). Ces équipes de scientifiques pensent que ce changement est causé
par l’exposition du fétus à toute une série de produits chimiques perturbateurs endocriniens tels que certains pesticides suspectés d’être Perturbateurs Endocriniens. Entre la 6ème et la 9ème
semaine de grossesse l’embryon mâle poursuit sa différenciation sexuelle, sous l’influence des hormones sécrétées par les gonades (glande génitale mâle).
Si une substance étrangère à l’embryon vient perturber ce processus hormonal à ce stade, la transformation peut être
arrêtée et un bébé femelle peut naître.
Ces chercheurs ont révélé d’autres problèmes telles que des malformations du pénis et des testicules à la naissance, l’augmentation de la
fréquence du cancer des testicules, le déclin de la quantité et de la qualité du sperme à ces mêmes causes environnementales. De nombreuses autres études épidémiologiques montrent que
l’exposition professionnelle ou par l’environnement des familles aux pesticides peut amener des
retards de croissance, des anomalies congénitales et même des fausses couches. Ainsi une étude réalisée par Santé
Canada a montré que le risque de fausse couche et de prématurité était plus grand dans les familles dans lesquelles le père avait manipulé certains pesticides.
Le risque de fausse couche était 1,9 fois supérieur si le père avait manipulé des thiocarbamates (2), du carbaryl et d’autres
pesticides. Le risque d’accouchement prématuré était de 1,7 à 2,4 fois plus élevé si le père avait manipulé
des pesticides comme l’atrazine, le glyphosate (la fameuse molécule du Round-Up) ou des pesticides organophosphorés par exemple.
Une étude de 2001 conduite en Californie montre que la mort du fœtus due à une anomalie congénitale est plus fréquente chez les mères qui vivent
pendant leur grossesse dans une aire de 9 miles* carrés autour d’un endroit où l’on a pulvérisé des pesticides. La mort du fœtus due à une anomalie congénitale est plus fréquente encore si l’exposition de la mère aux pulvérisations de pesticides a eu lieu
entre la 3ème et la 7ème semaine de grossesse (3).
En effet, certains types de cancers augmentent particulièrement rapidement. C’est le cas du Lymphome non-Hodgkinien (LNH), du cancer du cerveau ou de la vessie, etc. qui sont souvent des cancers liés à l’exposition à des
pesticides.
Ainsi la « Lymphoma Foundation of America » (Fondation Américaine contre le Lymphome ) vient de faire paraître un fascicule listant toutes les
études épidémiologiques disponibles sur la relation entre lymphome (cancer des lymphocytes) et pesticides. Sur les 99 études épidémiologiques, 75 indiquent une relation positive entre l’exposition à des pesticides et l’atteinte par un lymphome
(3).
Plus généralement nous disposons depuis une vingtaine d’années de dizaines d’études épidémiologiques menées aux USA et ailleurs qui montrent
que les utilisateurs de pesticides sont plus souvent atteints par certains cancers (estomac,
prostate, vessie, cerveau, lèvres, LNH, leucémies, …) que la population générale (4) (5). Les enfants
d’utilisateurs, et notamment d’agriculteurs, sont également touchés.
Des études épidémiologiques existent qui démontrent maintenant également que l’exposition environnementale aux pesticides tend à augmenter le
risque de développer certains cancers. Ainsi, les dérivés de l’acide chlorophénoxyacétique ont été associés avec un risque accru de LNH parmi des résidents de zones de culture du riz en Italie du
nord (6).Une étude écologique conduite aux USA dans une région fortement contaminée par des herbicides organochlorés et triazines montre une augmentation significative du risque de cancer du sein
(7). Un surcroît de cancers de la thyroïde a été observé dans une population exposée à des mélanges
de pesticides organochlorés contenant de fort taux d’hexachlorobenzène (8), etc.
Il semble que les enfants soient encore plus sensibles à ce risque que les adultes car ils sont plus exposés en proportion aux substances
cancérigènes et ils sont également physiologiquement plus sensibles aux pesticides cancérigènes. Les cancers de l’enfant les plus souvent associés dans les études avec une exposition aux pesticides sont surtout les leucémies, les tumeurs du
cerveau, les sarcomes, les lymphomes et les tumeurs de Wilm (tumeur rénale).
A ce jour en Europe 92 substances actives
pesticides sont classées cancérigènes possibles ou probable soit par l’UE ou l’Agence de Protection de
l’Environnement des Etats Unis (US-EPA) (9).
Les pesticides perturbateurs endocriniens peuvent agir différemment selon l’âge ou la phase de développement de l’organisme touché; l’exposition in utero est de loin la plus critique. Le signal hormonal manquant à un stade précis du développement peut perturber la formation des organes et entraîner des conséquences graves tout au long de la vie de l’organisme. Des problèmes de santé liés aux expositions à des pesticides perturbateurs endocriniens in utero peuvent être ressenties à un moment ou un autre de la naissance à l’âge adulte. Des expositions régulières même à faibles doses sur de très longues périodes à des pesticides perturbateurs endocriniens peuvent également causer des dommages importants.
Les conséquences de l'exposition à des pesticides perturbateurs endocriniens peuvent être très diverses :
1. Des anomalies congénitales.
3. Des problèmes de reproduction.
4. Le développement de certains cancers.
5. Des problèmes neurologiques, cognitifs et comportementaux.
De nombreux pesticides sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. A ce jour 48 substances actives autorisées en Europe dans des pesticides sont soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens (2) et le fameux
désherbant Round Up en fait partie (3
Une étude récente doit retenir notre attention. Des scientifiques de l’INSERM de Rennes et du Kremlin Bicêtre, associés à d’autres de l’hôpital Garibaldi à Rosario, en Argentine, ont étudié une population de 225 argentins issus d’une des régions agricoles les plus productives (où les pesticides sont fortement utilisés)qui avaient consulté pour problème d’infertilité entre 1995 et 1998. Les scientifiques ont cherché s’il existait une relation entre l’exposition à certains agents environnementaux (dont des pesticides)et ces situations d’infertilité. Les résultats furent publiés en 2001. Ils montrent que l’exposition aux pesticides (et à certains solvants) est associée à des concentrations en spermatozoïdes bien en dessous de la limite de la fertilité (2). Chez les femmes également l’exposition aux pesticides est un facteur de risque d’infertilité important. Ainsi une étude publiée en 2003 a mis en évidence dans une population de femmes ayant des problèmes d’infertilité que le facteur de risque le plus important était la préparation et l’utilisation de pesticides et particulièrement d’herbicide (3), le risque d’infertilité étant multiplié dans ce cas par 27 !
Ainsi des études ont mis en évidence que les bébés nourris au sein avaient accumulé des quantités d’organochlorés (pesticides à base de chlore) dans leur organisme, dont du DDE et de la dieldrine (deux pesticides persistants). Ces enfants développaient 10 à 15 fois plus d’otites que les enfants du sud du Québec (1) ! Cet exemple montre que les pesticides peuvent avoir un effet négatif sur le système immunitaire humain (2).
Si les épidémiologistes se sont souvent intéressés à des maladies comme le cancer, les problèmes de reproduction...en relation avec l’exposition aux pesticides, les effets destructeurs de ces substances sur le système immunitaire sont encore principalement étudiés sur des animaux de laboratoires ou des cultures de cellules (à l’exception notoire de l’ex URSS où des chercheurs ont fait des études sur les conséquences pour la santé des utilisateurs de pesticides professionnels).
Que démontrent les études de laboratoires?
Un rapport scientifique a récemment analysé et résumé les résultats de
plus de 100 études expérimentales sur les conséquences de diverses familles de pesticides sur le système immunitaire (3). La majorité de ces études ont mis en évidence
des effets immunosuppresseurs des pesticides étudiés.
Dans la littérature scientifique, l’exposition à certains pesticides à été liée chez l’homme à :
1.des cancers associés à la suppression immunitaire.
2.des réactions allergiques (dermites, asthme, anaphylaxie).
3.des réponses auto-immunes
4.la suppression de la fonction immunitaire et une plus grande sensibilité aux agents pathogènes.